La Vigie
des Marais
Les Colombières
et Bacon du Molay
Les Bricqueville Les Girardin, les Ludre
et Maupeou d'Ableiges
Seconde Guerre Mondiale
Juin 1944

La Vigie des Marais

Situé en bordure des marais de la Baie d’Isigny, le Château de Colombières occupe un emplacement stratégique qui lui valut à juste titre l’élégant surnom de « Vigie des marais ». Autrefois, à marée montante, la mer refluait dans les terres jusqu’au pied de la forteresse, favorisant pendant des siècles, l’invasion répétée de l’arrière-pays par voie « maritime ». La Vigie des marais, puissant et redoutable bastion armé, contrôlait et verrouillait l’accès au pays du Bessin.

Des siècles plus tard, l’heureuse « invasion alliée » du 6 juin 1944 suivit depuis la mer le même itinéraire à travers les marais jusqu’au Château de Colombières. L’Histoire se répète, marquant une nouvelle fois sur son passage la mémoire de la Vigie des marais. Cette situation exceptionnelle, aujourd’hui au cœur du Parc Naturel Régional des Marais du Cotentin et du Bessin, confère à la propriété de Colombières le charme envoûtant d’un lieu chargé de mystère et de séduction.

Les Colombières et Bacon du Molay

L’histoire de Colombières débute au XI° siècle. A cette époque, il s’agit d’une place forte occupée par Guillaume, Raoul et Baudoin de Colombières, des frères compagnons de Guillaume Le Conquérant lors de l’invasion de l’Angleterre en 1066. En 1147, le nom de Philippe de Colombières, membre de la puissante famille Bacon du Molay, est mentionné comme seigneur châtelain du fief de Colombières. Mais les parties les plus anciennes du château actuel datent de la fin du XIV° siècle. Les riches Bacon du Molay édifient la forteresse selon l’architecture de défense typique des constructions féodales : un quadrilatère flanqué de quatre tours massives percées de meurtrières, un mur d’enceinte de 2,7O mètres d’épaisseur et de 11 mètres de hauteur couronné d’un étage sur machicoulis, des douves en eau et un pont-levis.

A l’intérieur du château fort, le four à pain, le puits et la cheminée, nécessaires pour assurer la survie des habitants lors d’un siège, sont encore visibles dans la grande cuisine. « Forteresse imprenable » relate la chronique de l’époque ! Le roi de France, Charles V le Sage, constate lors d’une visite en 1371 que la place forte de Colombières est en état de soutenir attaque et siège.

Les Bricqueville

A la fin de la Guerre de Cent Ans (1328 à 1453), la Bataille de Formigny en 1450 inaugure une ère de paix.
Deux élégantes tours «Renaissance» sont ajoutées au château fort par la famille de Bricqueville, devenue propriétaire de l’important fief de Colombières pour trois siècles. Avec les guerres de Religion (1562 à 1598), les luttes reprennent. En 1562, le sieur de Colombières, François de Bricqueville, un des chefs protestants les plus redoutables de Basse-Normandie, s’illustre tristement : il pille le trésor de la Cathédrale de Bayeux, brûle une quantité énorme de pièces et livres précieux, il met le siège à la ville de Saint-Lô, fait prisonnier l’évêque de Coutances, Monseigneur de Cossé Brissac (ancêtre des propriétaires actuels) et profane la chapelle Notre-Dame de Rouge Brèque située dans son Château de Colombières. Aux XVII° et XVIII° siècles, la forteresse subit diverses transformations architecturales destinées à rendre le logis plus confortable et moins sévère : le mur d’enceinte est démoli sur un côté, une des tours partiellement détruite est reconstruite sous forme de donjon carré, les fenêtres sont agrandies, la chapelle profanée par François de Bricqueville, est rétablie par son petit-fils, Cyrus Antoine, converti au catholicisme en 1678.

Les Girardin, les Ludre et Maupeou d'Ableiges

En 1759, le château fort devient une propriété Girardin, famille apparentée aux actuels propriétaires, les Maupeou d’Ableiges, par une alliance Ludre-Girardin. La forteresse se transforme alors en un ravissant logis à l’ordonnance classique.

Au XIX° siècle, l’aile abritant les communs est également aménagée en logis pour accueillir famille et amis. Des jardins agrémentent le pourtour intérieur des douves médiévales.

La Seconde Guerre Mondiale, Juin 1944

Durant la seconde guerre mondiale, bien que situé en plein cœur des opérations militaires, le Château de Colombières fut épargné. Au matin du 6 juin 1944, un groupe allemand de canons automoteurs - quatorze Marders - camouflé depuis plusieurs mois sous les ormes de l’avenue du Château, partit subitement pour se diriger vers Colleville. De même, l’état-major du 1/352ème Jagt Panzer Abteilung quitta le Château en hâte. Les américains décidèrent de traverser à pieds le marais que les allemands maintenaient inondé pour le rendre infranchissable. C’est ainsi que Colombières vit le passage, dans la soirée du 8 juin 1944, du Lieutenant Kermit C. Miller du 115ème Régiment d’Infanterie de la 29ème Division U.S. Profitant d’un effet de surprise, il fit une douzaine de prisonniers parmi les allemands désorganisés.

Le 9 juin 1944, le village de Colombières était libéré. Le Château devint aussitôt « le centre de toute la presse et radio américaines, quartier général du 12ème groupe d’armée, Général Omar Bradley » Extrait du livre « Histoire du 302ème Signal Operation Battalion ».